Eh bien, tandis qu’ils seront encore en bas, nous entasserons de grosses pierres à l’entrée du souterrain, comme ils l’ont fait eux-mêmes. Comme ça, ils ne pourront plus sortir.

— Dans ce cas, que deviendra Mick ? riposta Annie aussitôt.

— Je pourrai remonter par le puits ! répondit Mick avec ardeur. Oui, oui, c’est moi qui vais descendre et me cacher ! Je ferai tout mon possible pour enfermer les hommes au verrou dans la cave aux lingots. Et si je dois m’échapper, je me glisserai par l’ouverture du puits. Les bandits ne connaissent pas ce passage. Ainsi, même s’ils ne sont pas prisonniers dans la cave, ils seront prisonniers du souterrain ! »

Les enfants discutèrent encore un moment le plan de François ainsi modifié et finirent par décider que c’était encore la meilleure solution.

« À présent, dit Claude, je propose que nous reprenions des forces en mangeant. Il ne faut pas rester l’estomac vide. »

Tous mouraient de faim et, maintenant que l’émotion générale se calmait un peu et qu’ils avaient pris une résolution ferme, la nature réclamait ses droits.

Ils allèrent donc chercher des provisions dans la salle du château et mangèrent à proximité de la plage, un œil fixé sur l’entrée de la baie, guettant le retour des deux hommes. Au bout de deux heures environ, ils aperçurent un assez gros bateau de pêche qui se dirigeait sur l’île. Ils purent bientôt entendre également le teuf-teuf d’un canot à moteur.

« Les voilà qui reviennent ! s’écria François, tout ému, en se levant d’un bond. Ce bateau est sans doute celui dont ils comptent se servir pour transporter les lingots avant de filer en Angleterre ou ailleurs… Le canot à moteur le suit de près. J’aperçois les deux gredins ! Vite, Mick, descends par le puits, referme les verrous et cache-toi jusqu’à ce qu’ils aient ouvert la porte ! »

Mick partit comme une flèche. François se tourna vers les deux autres.

« Il va falloir nous cacher aussi, dit-il. La marée est basse à présent et nous pouvons nous dissimuler derrière ces rochers, sur la plage même. De toute façon, je ne crois pas que ces hommes commencent par se mettre à la recherche de Mick et d’Annie, mais on ne sait jamais… Mieux vaut se montrer prudents ! Allons ! Dépêchez-vous ! »

Tous trois s’accroupirent derrière de gros rochers que la mer venait tout juste de découvrir et entendirent le canot à moteur entrer dans le petit havre. La voix de ses occupants parvint jusqu’à eux.

« Il semble que nos voleurs ne reviennent pas seuls, murmura Claude. Ils sont trois à présent. »

Cependant les hommes avaient accosté et escaladaient déjà la falaise, en direction du château.

François rampa derrière le rocher qui l’abritait et jeta un coup d’œil aux trois silhouettes mouvantes. Il était évident que les bandits allaient dégager l’entrée du souterrain qu’ils avaient bloquée pour empêcher Annie et Mick de délivrer leurs amis.

Avec mille précautions, les enfants se mirent à suivre de loin leurs ennemis. Quand ils arrivèrent à leur tour au sommet de la falaise, les trois hommes avaient déjà disparu par l’escalier de pierre.

« Ils ont eu vite fait ! murmura François. À nous, maintenant ! Au travail ! »

 

 

Les trois compagnons firent de leur mieux pour traîner de nouveau les grosses pierres sur l’entrée du passage. Mais leurs forces réunies étaient loin d’égaler celles des malfaiteurs. Ils ne parvinrent pas à déplacer ces énormes masses. Ils durent se contenter d’entasser trois pierres plus petites avec l’espoir que les hommes ne pourraient les faire bouger d’en bas.

« Pourvu que Mick réussisse à les enfermer dans la cave ! soupira François en se tournant vers ses compagnes. Et maintenant, allons guetter près du puits. C’est par là que Mick doit remonter puisque l’autre sortie est fermée. »

Ils se rendirent donc au puits. Mick en avait ôté le couvercle qui se trouvait à présent sur le sol. Les enfants se penchèrent par-dessus la margelle du puits et attendirent non sans anxiété. Que faisait Mick en ce même instant ? Aucun bruit ne leur parvenait du fond du puits et ils brûlaient de savoir ce qui se passait en bas.

Tant de choses pouvaient arriver !… Et, en effet, les souterrains du château de Kernach étaient alors le théâtre de singuliers événements… Les deux hommes, flanqués de leur comparse, étaient descendus en s’attendant, bien sûr, à trouver François, Claude et le chien toujours enfermés dans la cave au trésor. Ils passèrent à côté de la cheminée du puits sans se douter qu’un petit garçon, fort ému, était caché là, prêt à se faufiler dans le couloir derrière eux.

Mick ne perdit pas de temps. À peine eut-il entendu les hommes s’éloigner qu’il se glissa à leur suite. Ses pieds, chaussés de caoutchouc, ne faisaient aucun bruit sur le sol rocheux. Devant lui, il apercevait la lumière des torches électriques que les hommes tenaient à la main, et il lui était très facile de ne pas les perdre de vue.

La petite procession défila ainsi le long des couloirs obscurs et nauséabonds, passant devant une série de sombres cachots… Enfin, les trois hommes débouchèrent dans le boyau plus large que les autres et ne tardèrent pas à s’arrêter devant la fameuse porte.

« C’est ici ! déclara l’un des hommes en braquant sa torche sur le battant. L’or est dans cette cave… avec les prisonniers ! »

Alors il se mit en devoir de tirer les verrous en haut et en bas de la porte. Mick se réjouit silencieusement d’avoir été assez rapide pour tout remettre en état avant l’arrivée des malfaiteurs. S’il ne l’avait pas fait, ceux-ci auraient deviné tout de suite que Claude et François s’étaient échappés, et ils auraient été sur leurs gardes. Tandis qu’à présent…

L’homme ouvrit la porte et entra dans la cellule. Son compagnon le suivit. Mick se rapprocha autant qu’il le put, attendant que le troisième gredin pénétrât à son tour dans la cave. Alors il se précipiterait et fermerait la porte sur eux.

Celui qui était entré le premier promena la lueur de sa torche sur le sol de la cave et une exclamation de stupeur lui échappa.

« Les prisonniers ont disparu. Comme c’est étrange ! Où diable sont-ils passés ? »

Deux des hommes se trouvaient déjà dans la cave et le troisième, poussé par la curiosité, se décida enfin à y entrer à son tour. Vif comme la poudre, Mick fit un bond en avant et referma la porte. Cela fit un bruit terrible qui se répercuta le long des couloirs et dans les cachots environnants. Mick chercha à tâtons les verrous. Il n’y avait plus de lumière à présent pour l’éclairer et ses doigts tremblaient. Enfin, il trouva un des verrous. Mais celui-ci était rouillé et bien dur à pousser. Le jeune garçon eut du mal à en venir à bout et, pendant ce temps-là, les hommes ne demeuraient pas inactifs !

Dès qu’ils eurent entendu la porte se refermer derrière eux, ils se retournèrent ensemble. Après un bref instant de stupéfaction, celui qui était entré le dernier appuya son épaule contre l’épais battant de bois et exerça une forte poussée. Mick venait juste d’engager l’un des verrous dans sa gâche. Puis les trois hommes réunirent leurs forces… et le verrou céda !

Mick demeura figé d’horreur l’espace d’une seconde. La porte était ouverte ! Épouvanté, il pivota sur ses talons et se rua de toute la vitesse de ses jambes le long du couloir obscur. Les hommes tournèrent leurs torches dans sa direction et le fugitif apparut en pleine lumière. Ils s’élancèrent à sa poursuite.

Mick courait droit au puits. Par un heureux hasard, l’ouverture qui permettait de se faufiler à l’intérieur était située du côté opposé à celui où débouchait le couloir. Aussi, profitant de son avance, le jeune garçon put-il s’y introduire à l’abri de la lumière des torches. Cependant il eut tout juste le temps de se couler par le trou avant que les hommes n’arrivent à leur tour. Aucun d’eux ne soupçonna le fugitif d’être aussi près d’eux ! Ils dépassèrent en courant la maçonnerie cylindrique, sans même se douter qu’il s’agissait là d’un puits.

Tremblant de la tête aux pieds, Mick entreprit alors de remonter le long de la corde toujours accrochée à l’avant-dernier barreau de l’échelle. Une fois parvenu à l’échelle elle-même, il prit la précaution de dénouer le filin par crainte que les hommes ne finissent par découvrir le puits et ne se mettent à monter à leur tour. Sans corde, l’ascension devenait impossible.

Mick grimpa les échelons aussi vite qu’il put et, après s’être faufilé entre la grosse pierre et la paroi, déboucha enfin à l’air libre. Les enfants étaient là, à l’attendre.

Rien qu’à voir le visage de Mick, ils comprirent aussitôt qu’il avait échoué dans son entreprise. Ils l’aidèrent à sortir du puits.

« Je n’ai pas eu de chance ! haleta Mick. Je n’ai pas pu réussir à les enfermer dans la cave. Ou plutôt je venais tout juste de pousser le premier verrou quand ils ont fait sauter la porte et m’ont donné la chasse. Je leur ai échappé à temps en passant par l’ouverture du puits. – Et à présent, ils vont essayer de sortir par l’autre issue ! s’écria Annie. Vite ! Il faut faire quelque chose. Sinon, ils vont nous attraper, c’est sûr !

— Au canot ! » s’écria François. Et, prenant Annie par la main, il se mit à courir en l’entraînant à sa suite. « Dépêchez-vous. C’est notre seule chance ! À eux trois, ils ne tarderont pas à dégager l’entrée du souterrain que nous avons bloquée. »

 

Les quatre compagnons se ruèrent à travers la cour. Comme ils passaient à proximité de la petite salle aux murs de pierre, Claude s’y précipita et en ressortit, une hache à la main. Mick se demanda ce qu’elle comptait en faire. Dagobert précédait ses jeunes maîtres, aboyant follement.

Les enfants arrivèrent sur la plage. Leur canot se trouvait devant eux, dépouillé de ses avirons. Le canot à moteur de leurs ennemis était là lui aussi. Claude bondit dedans et poussa une exclamation ravie :

« Chic ! Nos rames sont là ! s’écria-t-elle. Tiens, François, prends-les ! Porte-les vite au bateau et pousse celui-ci à l’eau. Dépêche-toi. Je vous rejoins dans une minute. J’ai quelque chose à faire ici ! »

François et Mick prirent les avirons. Puis ils mirent le canot de Claude à flot en se demandant pourquoi leur cousine était restée derrière. Des craquements et des bruits métalliques leur parvenaient du canot à moteur. Cela faisait un vacarme épouvantable.

« Claude ! Claude !… Arrive ! hurla tout à coup François. Les hommes sont sortis du souterrain ! Fais vite ! »

En effet, les trois hommes dévalaient déjà le sentier de la falaise menant à la crique. Claude bondit hors du canot à moteur et rejoignit les autres en courant. Ils poussèrent un peu plus le bateau dans la mer puis sautèrent dedans. Claude se saisit des rames et s’éloigna du rivage aussi vite qu’elle put.

Les trois hommes, de leur côté, coururent à leur canot à moteur. Et alors, arrivés là, ils s’arrêtèrent, consternés… Claude avait rendu l’embarcation inutilisable. À coups de hache, elle avait démoli tout ce qu’elle avait pu : le moteur était en miettes et les avirons de secours, cassés au ras des pales, ne pouvaient plus servir à rien. Les hommes ne possédaient aucun des outils nécessaires pour réparer les graves avaries qui s’étalaient à leurs yeux. Ils ne pouvaient plus désormais espérer quitter l’île par leurs propres moyens !

« Maudite gamine ! hurla celui qu’on appelait Gustave en tendant le poing en direction de Claude. Attends seulement que je t’attrape ! »

Claude se retourna vers lui. Une flamme dangereuse brillait au fond de ses yeux bleus.

« C’est plutôt vous qui allez attendre ! cria-t-elle en retour. Je me demande comment vous pourriez quitter mon île ! Attendez ! Nous allons revenir ! »

 

Club des Cinq 01 Le Club des Cinq et le trésor de l'île
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